Les bénévoles du comité on fait un blitz et ont donné à Rivière Salvail un nouveau souffle de vie en la dégageant de la majorité des embâcles et des arbres tombés.
Voici le récit d’une des premières journées de travail de ces bénévoles.
Il est 8:00h, ce samedi, 10 septembre 2011.
Quelques voitures entrent dans le stationnement du centre communautaire de Saint-Jude. Ce sont une dizaine de « fous de la Salvail» qui se préparent pour une corvée de nettoyage de cette rivière méconnue et mal-aimée. Nous aurions aimé que plus de volontaires répondent à lʼappel, mais on espère que notre enthousiasme sera contagieux…
Plusieurs croient que la Salvail nʼest quʼune simple décharge pour drainer les fermes agricoles. Mais cet affluent de la Yamaska est beaucoup plus que ça. Cʼest une vraie rivière qui a un parcours sinueux de 31 km; Avec tout un réseau de fossés et de décharges, cʼest aussi un bassin versant de 225 km. carrés qui contribue à drainer 9 municipalités rurales.
Cʼest près du Grand Rang de La Présentation que le partage des eaux se fait entre elle et la rivière des Hurons. Avec le concours de cette autre rivière, ce fut également une importante route pour les amérindiens de lʼépoque préhistorique qui voulaient passer de la Yamaska au Richelieu. Cʼest avec ce souvenir en tête que les «fous de la Salvail» veulent lui re-donner ses lettres de noblesse en tant que rivière canotable. Après quelques palabres , on se divise en deux équipes. La première va partir du pont de Serge Bujold et descendra vers lʼUCROP. Mon équipe remontera en direction de La Présentation.
À partir du pont de ferme, on met la chaloupe à lʼeau. On y place les deux scies mécaniques, quelques outils et Patrick, Jean-Yves, Yves et moi-même embarquons. Cʼest Yves, le président du comité, qui prend les rames pour nous propulser vers lʼamont. Cʼest en défilant sur lʼeau entre les berges assez élevées , parsemées dʼarbres qui font une haie dʼhonneur , et dans un silence religieux, que je commence à comprendre tout lʼattrait de cette rivière! Parfois, les arbres font même une voûte au-dessus de nos têtes, ce qui augmente lʼimpression dʼêtre dans une cathédrale. Le seul bruit, cʼest le clapotis régulier des rames. Dans un tel décor, impossible de ne pas ressentir la poésie du lieu.
Au détour dʼun de ses nombreux méandres, voici un embâcle, cadeau de lʼouragan «Irène». Cʼest notre premier tâche de nettoyage. Dans son enthousiasme délirant, Yves redouble dʼardeur; il y «met toute la gomme» … et casse une rame! Manoeuvrer avec une seule rame, ce nʼest pas évident! Quʼà cela ne tienne! On est dans le système «D»!!! Patrick coupe deux «gaules» découpés dans de petits arbres . Désormais on avance à lʼaide de notre unique rame et ces «gaules» que lʼon plante dans le fond de la rivière pour nous diriger dans la direction voulue.
Jean-Yves manoeuvre la scie mécanique pour défaire lʼembâcle tandis que les trois autres font un contrepoid pour maintenir lʼéquilibre de la chaloupe tout en maintenant l’embarcation en place avec la rame et les deux«gaules». La scie coupe le bois; mais elle projette le bran de scie et de lʼeau en quantité sur nous; je me met à rêver dʼavoir des «wipers » dans mes lunettes!!! Le bois ainsi dégagé flotte à la dérive; un cultivateur a promis de le ramasser avec une «clam» lorsque ce bois sʼaccumulera près de son pont. Et cʼest ainsi que la Salvail retrouve un peu de sa vocation du dix-neuvième siècle alors que les premiers colons y faisaient la drave.
Malgré le manque de subventions (2011) et de moyens techniques, cette première corvée signale notre détermination de faire quelque chose avec notre Salvail!!! Comme le dit la chanson, «Ce nʼest quʼun début..»
Ce travail porte fruit car aujourd’hui encore, la majorité de la portion déblayée de la rivière est toujours exempte d’obstacles et laisse l’eau circuler librement.